La voie de la résilience

Témoignage de deux militants

Les activistes sont sur la ligne de front de la lutte pour les changements politiques et sociaux. Ils tiennent leur cause à bout de bras, accumulant souvent échecs après échecs. Alors qu'un sentiment de fatigue et d'impuissance accompagnent l'actualité des derniers mois, je partage des extraits de témoignages de militants qui gardent foi et espoir.  

Le Soleil, 16 février 2025

Anaïs Barbeau-Lavalette, écrivaine, cinéaste, cofondatrice du groupe Mères au front

Pour elle, ces moments de découragement ne sont pas la preuve d'un abandon. Au contraire, ils incarnent plutôt comme une besoin de "reconstruire sa foi". L'impression d'être impuissant ou le découragement sont des terreaux fertiles. Selon elle, la colère est un sentiment fécond mais seulement si elle est enracinée dans l'amour.

"Ça peut avoir l'air quétaine dit de même (...) mais si notre colère prend racine dans quelque chose de si vaste, de si profond, de si ressourçant, elle est moins énergivore. Elle n'est pas noire. Elle est juste vraiment saine et elle soulève.

Karel Mayrand, environnementaliste, dans l'Actualité de mars 2025

Au cours des dernières semaines, je ne compte plus les personnes qui m'ont fait part de leur anxiété, de leur peur viscérale, devant l'incessant bombardement d'annonces toutes plus anxiogènes les unes que les autres. (...) Ils nous brisent un par un, en un temps record, comme on bombarde une ville ennemie pendant des semaines, jusqu'à ce que épuisée, elle capitule.

La dernière ligne de résistance n'est pas devant les tribunaux américains, à la frontière canadienne, à Gaza ou en Ukraine, elle est dans nos têtes. Le jour où nous capitulerons mentalement, ils auront gagné. (...) La bataille se déroule dans notre tête. Ils prétendent régner sur nous mais tout leur pouvoir vient de notre consentement. Il nous suffit de le leur refuser. 

Mais pour cela, il faut cesser de céder du terrain et reconquérir notre santé mentale, notre joie, notre émerveillement devant la beauté d'un monde naturel auquel ils n'accordent aucune valeur réelle. Il faut rebâtir notre capacité de nous rassembler et de nouer des liens dans le monde réel, celui que les algorithmes ne contrôlent pas.

Dans ce monde où les oligarques veulent nous briser et nous isoler, sourire à un inconnu, tendre la main à son voisin sont probablement les gestes les plus subversifs que l'on puisse faire.

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https://lactualite.com/societe/trump-ne-nous-brisera-pas/